On se demande pourquoi le « non » opposé à l’Europe, qu’il soit français ou grec, a compté pour du beurre quand celui des british a été pris en compte illico.
C’est, pour le Président Hollande, l’occasion rêvée de montrer la bêtise des peuples lorsque des dirigeants peu scrupuleux se laissent aller au populisme en autorisant des référendums. Telle est du moins sa version qui relève de la dévotion qu’il porte à Jacques Delors lui-même digne continuateur de Jean Monnet.
Le paradoxe, l’ironie, c’est que l’Angleterre va quitter cette Europe d’inspiration anglo-saxonne qu’elle a contribuée à enfanter et dont jean Monnet, au service des américains, a été l’artisan pugnace et dévoué.
--Jean Monnet qui avait demandé aux alliés de « détruire » le général de Gaulle en tant qu’ennemi du peuple français. (*)
--Jean Monnet qui avait réussi à convaincre le Bundestag de réaffirmer la prééminence de l’alliance germano-américaine sur le partenariat franco-allemand (**)
Si Jean Monnet a été l’architecte de l’Europe des marchands, Jacques Delors en fut le maitre d’œuvre. Grâce à son enthousiasme pour les projets de la « table ronde des industriel européens » Jacques Delors joua un rôle déterminant dans la libéralisation de la circulation des marchandises et des capitaux, favorisant ainsi le néomercantilisme allemand.
En 2004 Dominique Strauss-Kahn écrivait : « Aujourd'hui la méthode Monnet est arrivée à épuisement. Le déséquilibre qu'elle a généré — des compétences politiques de plus en plus importantes confiées à une institution de nature technique — provoque une crise institutionnelle profonde : l'Union européenne est malade de son déficit démocratique »
Le Brexit, est de toute évidence le premier coup de semonce induit par « une crise institutionnelle profonde de l’union européenne malade de son déficit démocratique ».
En 2017 le Peuple français sera amené à choisir entre l’Europe de François Hollande celle de Jacques Delors et de jean Monnet et celle qu’aurait voulu de Gaulle et Adenauer : Une « Europe européenne » qui tient compte des peuples---de l’Atlantique à l’Oural.
*… « Il faut se résoudre à conclure que l'entente est impossible avec lui (de Gaulle); qu'il est un ennemi du peuple français et de ses libertés ; qu'il est un ennemi de la construction européenne, qu'en conséquence il doit être détruit dans l'intérêt des Français. » (Jean Monnet)
**… « Le lobbying de Monnet et des Américains auprès des parlementaires allemands parvint néanmoins à neutraliser celui-ci. Le Bundestag, en ratifiant le traité de 1963, le fait précéder d'un préambule replaçant celui-ci dans le cadre de l'Alliance atlantique et réaffirmant la priorité de l'alliance germano-américaine sur le partenariat franco-allemand »