Un esprit simple, comme le mien, n’en finit pas de s’étonner qu’il faille tant de circonvolutions pour tenir le fameux cap cher à M. Ayrault : Le fait, par exemple, de commencer par plomber les entreprises de 30milliards de prélèvements supplémentaires pour, quelques mois après, prendre, à son de trompettes, telles dispositions propres à payer les emplois des entreprises avec l’argent du contribuable.
Mais une pensée plus subtile y verra vite la malignité d’une manœuvre sournoise qui consiste d’une part à engranger quelques milliards d’euros et d’autre part à n’en rendre qu’un peu, tant les conditions pour recevoir sont embrouillées dans un processus administratif complexe et contraignant.
Alors l’esprit simple, faute d’y voir clair, tombe dans la méfiance et les suppositions… Il s’étonne, aujourd’hui, d’entendre Claude Bartolone, Président de l’Assemblée, quatrième Personnage de l’Etat, lancer, à la veille du sommet européen, une véritable déclaration de guerre idéologique à l’Allemagne. N’a-t-il pas estimé que « la première réponse à apporter" pour éviter que l'extrême droite et la droite triomphent l'an prochain à Strasbourg est de "mettre fin à la politique d'austérité" et à la "doxa libérale »… « C'est le mélange du libéralisme anglo-saxon et de l'ordo-libéralisme allemand qui a fait triompher l'Europe des règles et l'Europe de l'austérité »… « Je l'ai dit et j'assume mes propos : la confrontation avec l'Allemagne est nécessaire, et elle se situe sur un plan idéologique : l'Europe de l'austérité contre l'Europe de la croissance, l'Europe des disciplines contre l'Europe des solidarités ».
Faut-il croire que derrière le pathos du « Bras socialiste qui ne tremble pas pour gagner la guerre des idées » se trouve l’essence d’une chose concrète comme par exemple l’accélération de la planche à billets de la BCE ? Ou bien ne faut-il y voir que la peur des Elus socialistes, confrontés à la défaite au fur et à mesure des élections ?
Si l’on en croit les récentes déclarations de François Hollande au Japon le Président est favorable au lâcher de liquidités. Mais de là à s’imaginer que le Chef de l’Etat va, comme Claude Bartolone le demande, aborder de front, dès le prochain sommet, « La nécessaire confrontation avec l’Allemagne »...Faiblesse ? Tactique ?
Si l’esprit simple s’y perd, pour certains il ne s’agit là qu’un de ces jeux de rôle où se complaisent les socialistes, l’un disant le contraire de l’autre de telle sorte que l’Allemagne effrayée par la pression interne subie par François Hollande capitule sans conditions et accepte comme à Versailles de payer les dommages de cette guerre que le Président de l’Assemblée n’est pas seul, loin de là, à appeler de ses vœux :« Je l’ai dit et j’assume mes propos : la confrontation avec l’Allemagne est nécessaire » Nécessaire ?
Oui, si plutôt que de chercher par nous-mêmes les solutions, plutôt que de revoir ou même renier des principes dogmatiques qui n’ont plus cours dans un monde en évolution, on préfère désigner un bouc émissaire et attendre des autres le secours miraculeux…Sauf que cette relance, dans le fond souhaitable, ne peut se faire que dans un contexte de sérieux européen, quand les Pays du Sud auront compris qu’il faut bosser davantage et que le temps des Sénateurs est révolu.