Tu sais, me dit Lucas Menbert, ce sont les beau-parleurs qui ont, depuis la nuit des temps, gouverné le monde. Emmanuel Macron est de cette race-là. C’est la force du verbe qui lui a permis de faire croire aux français que la réponse à leurs attentes était dans une forme de despotisme éclairé* excluant les partis. C’est la force du verbe qui a fait croire aux français qu’en payant plus de taxes ** ils paieraient moins d’impôts.
Tu verras, me dit Lucas, que le verbe a ses limites lorsqu’il bute sur du tangible. Confronté aux réalités il tourne dans le vide. Je te rappelle, par exemple, ce qu’Emmanuel Macron disait en parlant de l’Europe :
● Encore plus de convergences avec l'Allemagne
● Un budget pour une zone euro renforcée
● Plus de convergence fiscale et sociale
● Une taxe sur les transactions financières pour l'aide au développement
● Un pas de plus vers l'Europe de la défense
● Une réforme de la PAC
● Une taxe carbone aux frontières de l'Europe
● Une taxation plus équitable des géants du numérique
● Des listes transnationales pour 2019 et moins de commissaires.
Où en est-on aujourd’hui ? Pas l’ombre d’une seule de ces mesures n’a vu le jour. Mieux, lorsque Jean Claude Junker reprend l’idée d’un Ministre des finances européen, il la tourne à son avantage en l’incluant dans la commission. L’avantage du verbe c’est qu’il est libre comme l’oiseau. Il peut voler d’un sujet à l’autre sans contrainte : Passer sans vergogne « d’encore plus de convergences avec l’Allemagne », sans se soucier de notre déficit commercial ; à de grandes envolées sur le climat qui font frémir d’admiration les grands de ce monde.
« Au commencement était le verbe… »
*Le despotisme éclairé est une doctrine politique, issue des idées des philosophes du siècle des Lumières, qui combine chez celui qui a le pouvoir force déterminée et volonté progressiste. Elle est défendue par Voltaire, D'Alembert et les physiocrates.
**Notamment CSG