Je m’apprêtais à saisir un petit four quand Yrieix de Bellegueule Comte de Bretellandeuil me prit à part :
n Ils sont revenus ! me dit-il
n --Qui ?
n Les Sophistes.
n --???
Il me jeta un coup d’œil perplexe :
n Vous fûtes à l’école ?
n --Heu…..oui quelques temps….enfin je crois, ça fait longtemps.
n A l’école de la République ?
n --Ben oui.
n Je vois….Je vous explique : Au contraire de Socrate, qui cherchait la vérité, les Sophistes
utilisaient une rhétorique orientée vers la séduction et le pouvoir, au mépris de la vérité. Ils usaient d’une argumentation seulement vraie en apparence, du fait d’un vice caché dans le raisonnement. De surcroit, ils faisaient payer leurs enseignements.
n -- Comme les Curés ?
Il fit celui qui n’entend pas et reprit :
n Je vais prendre un exemple simple, essayez de faire un effort :
Dans son principe, j’approuve sans réserve toute technique, toute mesure, qui tend à réduire les émissions de CO2, pour autant qu’elles soient économiquement compatibles et surtout qu’elles n’accentuent pas l’injustice sociale.
J’accuse toutes les parties concernées, gouvernement, partis politiques, journalistes, constructeurs automobiles, concessionnaires, de tromper sciemment le public en prenant pour base de bonus ou de malus, un critère erroné, soit le rejet de CO2 par kilomètre parcouru. En effet, à carburant donné, le rejet de CO2 est directement imputable à la quantité consommée. Plus on consomme, plus on rejette, et le rejet n’est pas consécutif aux kilomètres, mais relève de la PUISSANCE demandée au moteur, du TEMPS de cette puissance et du RENDEMENT du moteur. soit C= (P x T) facteur de R.
C’est ainsi, pauvre benêt, que vous rejetterez autant en faisant 30km en ville pendant une heure, que 100km sur autoroute pendant le même laps de temps. C’est ainsi, doux imbécile, que vous rejetterez plus de CO2 pendant 10km en côte qu’en 20 km de descente. Et c’est ainsi, stupide idiot, que vous serez asphyxié dans votre garage en faisant tourner le moteur sans bouger la voiture.
Autrement dit : A rendement moteur égal, le rejet de CO2 est tributaire du Temps et du Mode d’utilisation et non des kilomètres. Le seul critère de consommation qui vaille est celui retenu dans le monde industriel, très simple au demeurant : X grammes par KWH d’où Xg CO2 par KWH.
Alors je maintiens : Donner le CO2 kilométrique qui est une variable en tant que constante est une tromperie.
Cela démontre, mon merveilleux ami, qu’en s’appuyant sur des données inappropriées pour décider de bonus et de malus ou en tirer des avantages commerciaux, on fait preuve d’esprit Sophiste.
n --A la Socrate qu’est ce que ça changerait ?
n Pas grand-chose, mais on ne prendrait pas les gens pour des imbéciles.
n --Sauf que s’ils étaient des imbéciles, il y aurait une certaine logique à les prendre comme tels.
n Zénon serait donc cohérent murmura t-il….ah ! merci, succulent camarade, au fait, vous ais-je dis bonjour ?